L’église Saint-Martin de Villers-sur-Mer, de style néo-gothique, a été construite entre 1872 et 1874 pour remplacer l’ancienne église devenue trop petite. L’ensemble des vitraux, qui est considéré comme un chef-d’œuvre de l’art bas-normand de la fin du XIXe siècle, a été réalisé par l’atelier Duhamel-Marette d’Évreux.
Cet atelier est responsable de la création des 51 vitraux que compte l’église. La finesse et la qualité des scènes peintes sont caractéristiques de leur travail.

Qu’est-ce que l’Immaculée Conception ?
C’est un dogme de l’Église catholique souvent mal compris. Il ne désigne pas la conception de Jésus, mais la conception de Marie elle-même. Il affirme que la Vierge Marie, dès le premier instant de sa conception dans le sein de sa mère (sainte Anne), a été préservée de toute tache du péché originel par une grâce spéciale de Dieu.
Histoire de la dévotion et lien avec la Normandie
L’histoire de ce dogme est intimement liée à la Normandie, bien avant sa proclamation officielle.
Dès le Moyen Âge (au XIe siècle), la fête de la Conception de la Vierge était célébrée en Angleterre et en Normandie. Après la conquête normande de l’Angleterre, cette dévotion s’est répandue. On appelait d’ailleurs cette fête la « Fête aux Normands ».

Pendant des siècles, de grands théologiens se sont opposés : les « maculistes » ( les Dominicains) pensaient que Marie avait été sanctifiée après sa conception, tandis que les « immaculistes » (les Franciscains) défendaient sa conception sans péché.
Le pape Pie IX tranche définitivement le débat en proclamant le dogme de l’Immaculée Conception le 8 décembre 1854.
Description du vitrail de l’Immaculée Conception
Les vitraux néo-gothiques du XIXe siècle ont largement diffusé la dévotion de l’Immaculée Conception dans les églises paroissiales. Le vitrail de l’église Saint-Martin à Villers-sur-Mer en est un très bel exemple, particulièrement chargé de signification théologique et symbolique.

En haut Dieu le Père, assis sur des nuées, et petite figure féminine rayonnante, manifestant la faveur divine accordée à Marie.
En bas, Adam et Ève agenouillés et repentants, le serpent est enroulé au premier plan près d’un arbre — scène évoquant le péché originel (Genèse 3).

La Vierge est représentée avec le croissant de lune sous ses pieds. C’est une référence à Apocalypse 12,1 :« une femme vêtue du soleil, la lune sous ses pieds ». Elle écrase un serpent, symbole de la victoire sur le Mal.
Selon la tradition iconographique mariale, on remarque également la présence des lys (symboles de pureté), des roses (rose mystique et amour), le bleu du manteau (ciel, royauté, constance), le blanc de la robe (pureté immaculée).
