La Nuit des retables nous a fait découvrir cette année les retables des églises de Saint-Aubin-sur-Algot et de Notre-Dame de Livaye. Et voilà que les hasards du calendrier font que l’on fête aujourd’hui saint-Charles Borromée. L’occasion est belle de reparler de l’influence de la contre réforme catholique en Pays d’Auge!
Archevêque de Milan au XVIe siècle, Charles Borromée est une figure majeure de la Contre-Réforme catholique après le concile de Trente. Canonisé en 1610, il devient au XVIIᵉ siècle l’un des saints les plus vénérés, modèle d’évêque zélé, charitable et réformateur.
Aux côtés de saint Ignace de Loyola et de saint Philippe Néri, Charles Borromée est une figure clé de la Contre-Réforme, s’efforçant de relever les défis posés par la Réforme protestante. Dans le cadre de cette mission, Il crée notamment des séminaires dédiés à l’éducation et à la formation des prêtres. Sa profonde appréciation des arts le conduit à utiliser la beauté comme un puissant outil d’évangélisation, en réponse aux idées de la Réforme protestante.
On le retrouve dans de nombreux retables du Pays d’Auge, ces retables en bois peint et doré où prennent place des statues de saints évêques, apôtres ou patrons locaux.
Nous avons sélectionné deux oeuvres représentant saint Charles Borromée : une statue en bois polychrome, de la fin du XVIIe siècle ou du début du XVIIIe et une huile sur toile, du XVIIIe siècle.
La statue

Le saint est figuré debout dans une niche architecturée, intégrée à un retable en bois doré et peint. Il porte un rocher richement plissé et une mozette rouge cardinalice. Les motifs sculptés du retable (fruits, guirlandes, colonnettes torses et fronton brisé) traduisent l’influence de la décoration baroque française, adaptée ici à l’échelle d’une église rurale.
Le tableau

Un angelot apparaît au sommet de la composition pour l’accueillir dans la gloire céleste : c’est le sens de son « apothéose », son élévation vers le ciel. Destiné à orner l’autel de la chapelle du Carmel dans la cathédrale, ce tableau illustre la spiritualité post-tridentine : l’exemple du saint évêque, modèle de réforme et de charité. Le peintre reste inconnu mais malgré quelques maladresses, l’œuvre est raffinée, mêlant élégance et équilibre classique.
