

Le programme

D’origine romane, l’église subit des transformations au XVI° et XIX° siècle pour s’adapter au goût de ces périodes et à la taille de la population desservie. Ce qui fait de cette église un mille-feuilles temporel, comme quasiment toutes les petites églises rurales du Pays d’Auge ou d’ailleurs. Son histoire continue, grâce à la volonté des élus de la commune et des membres de l’association de protection de l’église, qui entreprennent des campagnes de restaurations successives.
Trois détails du tabernacle (fin du XVIIe siècle)



Au centre, deux colonnes corinthiennes lisses et des chutes de feuillages entourant le Christ. Sur les ailes, deux bas reliefs représentant le Christ et la Vierge. La couleur marron a été appliquée au XIXe siècle. A l’origine, l’ensemble du retable était vraisemblablement dans des tons pastels. Le tableau d’origine, au centre du retable, a disparu.
Un nom sur une plaque commémorative et un vitrail

Dès 1919, une loi impose aux communes d’ériger un monument à la mémoire des morts pour la France de la Grande Guerre. La plupart choisissent un monument public sur la place ou au cimetière, mais les paroisses veulent aussi honorer leurs fidèles tombés au combat.
La plaque commémorative porte les noms des paroissiens ou habitants de la commune, morts au combat. Elle intègre la mémoire des morts à la liturgie. Dans chaque église, la communauté connaissait les soldats cités sur la plaque : c’étaient des voisins, des amis, des membres de la chorale, des enfants de chœur…
Sur cette plaque commémorative figure le nom de l’aviateur Hervé du Portavice de Heussey. Et dans la nef, un vitrail représente saint Hervé :

Saint Hervé est un saint très aimé en Bretagne. C’était un moine ermite et thaumaturge du VIe siècle, que la tradition présente comme aveugle de naissance mais « voyant de coeur ». Il est accompagné d’un loup apprivoisé qui selon la légende, avait remplacé l’âne qu’un paysan avait tué. Saint Hervé est le patron des aveugles et des bardes. Il est étonnant de le voir figurer sur un vitrail d’une église normande.
L’explication nous est donnée par le nom de la donatrice, qui figure tout en bas du vitrail. Les vitraux comportent quasiment toujours le nom de leur donateur ou donatrice, en revanche, il sont rarement signés. Dans le cas présent, la donatrice est Madame veuve Jacques du Portavice de Heussey. Etait-ce la mère de l’aviateur Hervé, mort au combat?
Voilà que tout à coup notre regard change sur les « objets » que l’on voit dans une église. Nous savons qu’ils sont du patrimoine et qu’ils ont une signification symbolique qui nous est plus ou moins bien connue. Mais il nous est donné parfois d’en percevoir nettement l’épaisseur humaine et la charge émotionnelle qu’elles contiennent.
Un très beau lutrin

